jeudi 17 avril 2008

Youssouf Saleh Abbas, 13ème Premier Ministre du Président Idriss Deby Itno, pourrait-il faire le miracle ?

Homme de culture, affable et ouvert, Youssouf Saleh Abbas dont nous avions entendu parler pour la première fois au début des années 1980 comme leader estudiantin, notamment en sa qualité de Président de l’Union Générale des Etudiants et Stagiaires Tchadiens (UGEST) et qui fut, tour à tour, directeur de la coopération internationale au Ministère des Affaires Etrangères, Directeur de Cabinet du Président du Gouvernement d’Union Nationale de Transition (GUNT), Goukouni Weddeye, Vice Président du Praesidium de la Conférence Nationale Souveraine, éphémère Directeur Général de l’ATETIP, opposant militant au sein du Mouvement pour le Développement et la Justice au Tchad (MDJT), exilé politique en France avant de se réconcilier avec le Président Idriss Deby pour devenir son Conseiller Diplomatique, jouit, à première vue, d’un préjugé favorable au moment où il prend le poste de Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

Cependant, sa nomination intervient à un moment plus que trouble : les suites du siège de N’Djaména par la Coalition rebelle qui a laissé place aux restrictions aux libertés fondamentales et surtout, l’enlèvement et la chasse aux opposants et défenseurs des droits de l’homme. Si deux des leaders politiques enlevés le 3 février 2008, le Président Lol Mahamat Choua et l’Honorable Ngarlejy Yorongar Le Moiban, ont pu recouvrer la liberté, le Dr Ibni Oumar Mahamat Saleh, Porte-Parole de la Coordination des Partis pour la Défense de la Constitution (CPDC) reste un cas à élucider. Est-il vivant, si oui, pourquoi le Gouvernement ne le relâche-t-il pas ? Ou s’il n’est plus de ce monde, ne peut-on pas au moins rendre son corps à sa famille, lui qui a tant fait pour le Tchad en sa qualité, non seulement de chef de parti, mais surtout en tant que Ministre du Plan et de la Coopération ?

Ce trouble restera un lourd nuage au-dessus de la tête de Youssouf Saleh Abbas et pèsera sur son rôle d’animateur de l’action gouvernementale. Pour quelqu’un qui commande autant de respect, il aurait été mieux qu’il commence la mission à lui confiée dans une atmosphère moins polluée pour pouvoir jouer le rôle de conciliation dont le Tchad a actuellement besoin pour retrouver un semblant de tranquillité. Encore faudra-t-il que l’idée du Forum de tous les groupes signataires des accords de paix soit élargie aux composantes tchadiennes qui n’en font pas partie.

Sans trop y compter, on est même tenté de rêver les yeux ouverts qu’un tel forum débouche sur la réactualisation des recommandations de la Conférence Nationale afin d’amener enfin le Tchad vers la tranquillité si ce n’est la paix durable que tous les tchadiens appellent de leurs vœux, après une période transitoire.

Encore qu’au Tchad, les premiers ministres semblent n’être souvent que les premiers des ministres tant il est qu’il y a des super-ministres qui ne répondent que du Chef de l’Etat tandis que ceux qui sont sensés mettre en œuvre la politique du pays jouent les seconds rôles, confinés qu’ils sont à servir de fusibles. Pire, comme l’a écrit le frère Ramadji sur son site Ramadji.com, ce ne sont pas les premiers ministres qui posent problèmes ou qui sont incompétents, c’est la mauvaise gestion, la mal gouvernance et bien d’autres maux encore, tous attribuables à la tête du pays, qui empêchent que les Tchadiens se retrouvent, regardent vers l’avenir avec confiance. Les humiliations constantes dont les populations tchadiennes sont victimes ajoutent aussi de l’huile sur le feu et les multiples rebellions ne sont que le reflet de cette situation de pourrissement général.

Dans ces conditions, M. Youssouf Saleh Abbas pourrait-il être le Premier Ministre miracle qui aidera le Président Idriss Deby Itno à lutter contre lui-même pour s’élever à de nouvelles hauteurs, pour enfin jouer le rôle de Président de tous les Tchadiens sans distinction, sans discrimination en agissant uniquement dans l’intérêt du Tchad ? Wait and see.

dimanche 30 mars 2008

Les participants au débat inter-tchadien de Paris au chevet du Tchad

A l’initiative de l’Association Caring For Kaela (CFK), le débat inter-tchadien de Paris, ouvert le 29 Mars, s’est poursuivi jusqu’au 30 Mars à Paris où les participants, venus de différents horizons du monde, se sont penchés sur les divers maux à l’origine de la crise tchadienne depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale.

Notre journal, qui suit avec intérêt le débat de Paris, a recueilli à la fin de la première séance de la journée du 29 Mars 2008 les propos du Dr Adoum Djimé, modérateur de la rencontre.

Il se réjouit du niveau des discussions, de l’apport individuel comme collectif des personnes présentes. Il le dit : « C’est vachement bien ! Ça a bien démarré, je suis satisfait de la qualité des personnalités venues à cette concertation qui est une première étape qui nous permettra d’avancer dans la recherche et la résolution du conflit au Tchad. »

A l’instar de toutes les concertations liées à la résolution des conflits et pour une PAIX, les participants au débat de Paris, ont procédé à l’identification, de façon méthodique, des causes profondes du conflit tchadien pour les cerner puis les regrouper en thèmes afin de circonscrire définitivement les principales revendications sociopolitiques des acteurs.

La journée du 30 Mars, qui tire les rideaux sur ce débat inter-tchadien, va permettre aux intervenants de faire des propositions concrètes qui seront soumises à l’appréciation des partenaires étrangers et à la communauté internationale pour qu’enfin des mesures urgentes et appropriées soient trouvées pour une résolution pacifique de la crise tchadienne qui s’éternise sans remèdes.

Par Makaila Nguebla
Tribunecoum

jeudi 27 mars 2008

Les Tchadiens veulent-ils vraiment la paix ?

La paix, tout le monde en parle, tout le monde y appelle, surtout dans un pays comme le Tchad où on peut compter, sur les doigts d’une seule main, les années réellement paisibles que le pays a connues depuis son indépendance nominale le 11 août 1960. De nombreuses négociations de paix, de nombreux accords ont été signés - qu’ils soient appelés accords de réconciliation ou de paix - l’objectif avoué a toujours été de ramener la tranquillité dans le pays. A chaque fois, cependant, un pan du pays est resté en dehors du processus. Les seules fois où toutes les parties tchadiennes se sont retrouvées pour parler de paix, le pays eut droit aux accords de Kano et Lagos. Mais les ambitions des uns et des autres ont rapidement replongé le Tchad dans l'instabilité au point que la guerre est devenue un fait quotidien dans le pays.

Près de 50 ans après cette indépendance octroyée, qui ne semble pas avoir été vraiment préparée en raison des retards d’éducation moderne que le territoire militaire du Tchad connaissait par rapport aux autres ex-colonies françaises, les tchadiens sont plus que jamais divisés voire atomisés. Dès que quelqu’un pose un geste, fait une proposition, annonce une initiative de paix, au lieu de chercher à savoir si tout le monde peut se retrouver pour pousser aux retrouvailles nationales, tout est mis en œuvre pour détruire le geste, la proposition ou l’initiative. Des esprits retors vous trouvent rapidement des noms d’oiseaux qui ne correspondent en rien à la réalité.

Tel semble être le penchant des tchadiens. On peut mettre cela sur l’ignorance ou, au mieux, sur le compte de la mauvaise foi lorsque certains pensent qu’ils doivent avoir le monopole de toute initiative, comme s’ils étaient plus tchadiens que les autres.

La proposition de débat inter-tchadien émanant d’une vraie amie du Tchad, l’organisation non gouvernementale Caring for Kaela, de faciliter une retrouvaille des tchadiens en France en vue de définir ensemble ce que les uns et les autres entendent par dialogue inclusif semble être tombée sous le coup de cette ignorance ou cette mauvaise foi qui caractérisent les milieux tchadiens. Certains ont vu derrière l’ONG leurs pires ennemis, d’autres encore se sont vus ravir on ne sait pas trop quoi et de supputations en supputations, on a vite fait de dénigrer un simple débat d’idée qui n’est en rien une nouvelle initiative de paix.

Ainsi, certains se sont organisés pour boycotter la rencontre alors qu’ils ont été informés des semaines avant la publication de l’annonce sur les objectifs simples de la rencontre. A cette allure, il faut se rendre à l’évidence que ceux qui parlent de paix ne la veulent pas nécessairement à moins que cela ne se fasse sous les conditions qu’ils auront posées ou sous leur coupe.

Que gagnerait le commun des tchadiens avec ce genre de positionnement alors que son quotidien est fait de misère et de lutte âpre pour la survie ? Pense-t-on vraiment aux populations tchadiennes qui ne demandent que le strict minimum pour survivre ? Que veulent ces tchadiens exilés en Europe et ailleurs qui ne semblent point comprendre le besoin de tranquillité de la grande majorité des tchadiens ?